Dans l’Histoire, il y eut des événements qui changèrent la face du monde. Les derniers en date sont les attentats du 11 septembre. Nous savons tous que notre façon de penser a changé depuis ce mardi-là. Certains sont devenus des « théologiens » islamiques et d’autres des « défenseurs » de la Chrétienté. D’autres encore sont devenus les « voix » de l’Islam ou les soldats de Dieu/d’Allah » (selon qu’on veuille se différencier des musulmans ou pas). Chaque jour a son un affrontement. La guerre « monde musulman » et « monde occidental » continue depuis cette date. Et ce n’est pas un discours de Barack Obama en arabe qui risque de changer quelque chose.

Il y a quelques jours, c’est une bande-annonce (L’innocence des musulmans) qui a mis de l’huile sur le feu. Ce film, dont la paternité est mal assumée par un soi-disant israélo-américain, est une satire de Mahomet. Il n’en a pas fallu plus pour qu’une partie du monde musulman se lève contre l’Amérique (alors qu’Assad continue de massacrer l’opposition syrienne…). Et le cynisme de l’univers a fait que le 11 septembre 2012 (soit en l’an 11 après World Trade Center), l’ambassade des États-Unis en Lybie fut attaquée et son ambassadeur (pourtant pro-printemps arabe) assassiné. Cela accentue bien évidemment le sentiment anti-islam des Américains. À tel point que le terrorisme intérieur monte en flèche. Depuis le 11 septembre, certains Américains confondent par exemple les membres de la religion sikh avec des terroristes « musulmans ». De nombreux cas de violence, menaces et mort ont été rapporté. Dernièrement, la communauté sikh a perdu certains de ces membres après la fusillade d’un forcené qui prône la suprématie blanche. Mais revenons au « film ». Aujourd’hui, nous savons qu’un égyptien-américain copte et son fils sont à l’origine de ce film. Nous savons que les Coptes d’Égypte étaient dans une position de mal-être sous Moubarak, mal-être accentué sous Morsi (bien que ce dernier ait nommé un Copte à un poste honorifique).
Lorsque je regarde les musulmans, je me dis qu’ils sont les premières victimes du World Trade Center. Eux qu’on pointe du doigt en cas de problème et dont on a peur dans le bus (« aurait-il une bombe dans son sac de supérette ? »). Leur pays a peut-être vécu un printemps arabe, mais rien ne change.
En réfléchissant pour la rédaction de cet article, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au passage d’un livre : Matthias Berg, d’Yvette Z’Graggen.
« Un jour, au début de 43, je me suis trouvé à quelques pas d’un partisan russe dans une forêt. Il était très jeune, encore plus que moi, dix-huit ans peut-être. On s’est regardés sans haine, comme deux hommes. Pendant quelques secondes, j’ai oublié – et lui aussi, il a oublié – pourquoi on était là. C’était une rencontre dans une forêt, un matin, il y avait du soleil. Et puis on s’est souvenus, oui, en même temps, que l’un de nous allait tuer l’autre et que c’était à qui tirerait le premier. J’ai été le plus rapide, Lena. »
Peut-être est-ce cela. Le monde dans lequel nous nous trouvons vit sous une telle tension que celui qui survit, c’est celui qui frappe le plus vite, le plus fort.
Cet article a été publié dans la Cuite Finale 3.
