Martin Eden est le dixième roman de Jack London. C’est une sorte de roman autobiographique romancé.
Martin Eden est un marin des bas-fonds d’Oakland qui, après avoir sauvé Arthur Morse, fait la rencontre de sa sœur Ruth (Mabel Applegarth dans la vraie vie), dont il tombe éperdument amoureux. Lui est un prolétaire peu instruit, mais intelligent et animé d’une volonté farouche. Elle, une jeune femme issue de la bourgeoisie de San Francisco, étudiante en littérature. Pour séduire Ruth, Martin Eden s’instruit seul et accumule une culture encyclopédique — finissant même par dépasser celle de ces bourgeois qu’il admire. Il se lance alors dans une carrière d’écrivain. Une idylle naît entre eux, mais se heurte rapidement à la réalité : Martin a beau être plus cultivé, il n’a pas de situation. Ses œuvres ne se vendent pas. Ruth lui demande d’accepter un emploi de bureau ; il refuse et lui demande de croire en lui. Son quotidien se résume à lire, écrire, aller chez le prêteur sur gages et avoir faim.
Martin Eden, c’est l’histoire d’un transfuge social. Incompris des prolétaires, il est rejeté des bourgeois. C’est une critique acerbe des conditions sociales dans l’Amérique du XXe siècle (Jack London était membre du Parti socialiste américain), avec notamment un superbe passage à la lingerie Shelly Hot Springs. Martin y travaille plus de quinze heures par jour, six jours par semaine. Voici un extrait du livre :
« Au régime sec ? »
Cette fois, Martin acquiesça.
– « J’aimerais en faire autant, » dit Joe d’une voix plaintive ; puis, pour atténuer la gravité de son cas : « … mais j’y arrive pas. Quand j’ai bossé comme une bête toute la semaine, faut que j’me pinte. Si j’me pintais pas, je serais capable de me trancher la gorge ou de foutre le feu à la baraque. Mais je suis content que tu sois à l’eau. Restes-y. »
C’est un bon livre, très référencé sur l’actualité intellectuelle de l’époque, avec de très beaux passages. Les soixante-dix dernières pages sont génialissimes, sauvant à la fois le livre et le lecteur d’une partie un peu laborieuse : celle où l’on doit supporter Ruth (non, il n’y a pas que le prénom qui est horrible) et sa famille. On a envie de lui faire écouter « Écoute-moi camarade » de Rachid Taha !
L’auteur : Jack London
Nationalité :
États-unienne
Né à :
San Francisco (États-Unis), le 12 janvier 1876
Mort à :
Glen Ellen (États-Unis), le 22 novembre 1916 (à 40 ans)
Mouvement :
Réalisme
Genres :
– autobiographie ;
– nouvelle d’aventures ;
– récits politiques ;
– roman d’aventures.

